Par Jean-Francois Leroux
Décédé le 21/02/2021
Ancien membre de l’Académie d'Architecture et ancien président de l'Association renaissance de l'Abbaye de Clairvaux et de la Charte européenne des abbayes et sites cisterciens.
Cisterciens et Chartreux
Les propriétaires des vignobles qui dépendaient jadis des monastères cisterciens ou des chartreuses se sont regroupés pour témoigner de la continuité de l’héritage qu¹ils assument. Il n’y a pas de hasard dans le rapprochement entre les anciens domaines des cisterciens et des chartreux. Les deux ordres partageaient, en effet, cette même conviction que l'excellence dans le travail était hommage à la gloire de Dieu. Perpétuer cette tradition de perfection reste un objectif pour les viticulteurs regroupés dans l'association des vins d’abbayes.
On peut rappeler que les deux ordres sont nés d'une réflexion commune entreprise dans un même temps et en un même lieu par deux des saints réformateurs qui permirent à l'Église de connaître au 12ème siècle une période exceptionnelle de Chrétienté.
Après les bouleversements de l’an mil, le pape Grégoire VII avait encouragé la vie érémitique comme un retour aux sources du christianisme. A Molesme, en 1075, l’abbé Robert regroupe quelques ermites pour vivre la Règle de saint Benoît dans sa rectitude, ascétisme rigoureux et pratique du travail manuel.
En 1082, Bruno de Hartenfaust, écolâtre de Cologne, le rejoint et se retire dans la forêt voisine de Sèche-Fontaine. De leur nombreuses rencontres vont naître La Grande Chartreuse en 1084 et Cîteaux en 1098. Partout en Europe, les abbayes cisterciennes et les chartreuses développeront des vignobles florissants. Quant à Molesme, d’où tout est parti, la vénérable abbaye créa le vignoble des Riceys aujourd¹hui célèbre pour ses trois AOC sur un même territoire.
Moine cistercien. Abbaye d’Aiguebelle.
© Bruno Rotival, Wikimédia Commons